Chez Green & Zen Bubbles on aime les belles initiatives et les gens qui s'engagent ! Aussi, quand Laetitia m'a contactée pour me faire part de son expérience d'un an au service des gibbons et de ses projets en Thaïlande, je n'ai pas hésité à lui poser quelques questions. Et à partager tout cela avec vous !
"Mes études terminées, je suis partie en Asie à l’aventure avec deux amies et mon sac à dos. J’ai découvert tout à fait par hasard lors d’une visite dans un parc national, un centre de réhabilitation pour gibbon (http://www.gibbonproject.org). Un bénévole nous a parlé de son travail et du problème lié au trafic d’animaux sauvages. Ses mots m’ont bouleversés. J’ai toujours été très sensible à la cause animale. J’ai immédiatement décidé de travailler bénévolement pour ce projet. J’avais envie de me sentir utile et de donner un sens à mon voyage. Vivre quelques mois en Thaïlande m’offrait également l’opportunité de mieux connaître la culture Thaïlandaise.
Chaque journée est différente. On travaille entre 6 et 8h par jour, 6 jours sur 7. Ce que j’ai vraiment apprécié est le fait de vraiment travailler et pas seulement d’observer le personnel (comme c’est le cas dans de nombreux projets). On devient très vite autonome, et en quelques jours, on connaît le nom des 50 gibbons, des 6 loris et des 4 langurs.
Le travail bénévole comprend plusieurs activités :
- le soin aux gibbons (nettoyage des cages, distribution de la nourriture, vérification de leur état de santé). Les gibbons se trouvent sur deux sites :
- la quarantaine : on y trouve les gibbons qui ne peuvent pas être relâchés. Certains sont aveugles, d’autres ont développé des troubles psychologiques tels que la boulimie, l’anorexie et l’automutilation.
- le centre de réhabilitation où l’on cherche à créer des familles en vue de les relâcher (les gibbons sont sains).
- le travail en éducation pour informer les touristes du problème, vendre des cadeaux souvenirs et récolter des dons pour faire survivre l’ONG (la visite est gratuite, le gouvernement ne verse pas de fonds au GRP).
- les treks en forêt pour observer les gibbons qui ont été relâchés et les autres animaux sauvages.
- le travail de bureau (traduction, recherche d’informations, étiquetage et emballage des articles destinés à la vente,…).
- la construction et la rénovation de cages dans le centre de réhabilitation (très physique surtout par grosse chaleur).
- la construction de cage d’entraînement en forêt : une cage spéciale faite avec des matériaux de la forêt pour habituer les gibbons à leur nouveau territoire avant de les relâcher.
- Cours dans les écoles pour sensibiliser les enfants à la conservation
" Les gibbons sont victimes de trafics d'animaux vivants en Thaïlande, comment cette ONG leur vient en aide ?"
L’ONG prend soin des gibbons, et cherche à leur rendre leur liberté. Malheureusement, elle n’a aucun pouvoir pour confisquer des gibbons dans la rue. Seule la police est habilitée à le faire, le trafic continue à cause de problèmes de corruption.
Il y a également un travail de sensibilisation auprès des touristes qui visitent le centre. On encourage les gens à se plaindre aux autorités s’ils ont vu des gibbons exploités.
Quand je regarde un gibbon, je vois une personne. Chacun a son caractère, ses préférences et sa personnalité. Ce sont des animaux très intelligents. Ils sont très proches des humains. D’ailleurs, nous sommes de la même famille, celle des grands-singes. Contrairement à ce que la majorité des gens pensent, les gibbons ne sont pas des singes ! Plusieurs différences les distinguent des singes : l’absence de queue, la marche bipède, un cerveau plus développé, une longue enfance (8 ans) et une longue vie (entre 30 et 40 ans en liberté).
Tout comme les humains, les gibbons sont très complexes, c’est pourquoi, certains, dû à leur passé traumatisant ont développé des troubles psychologiques.
" Que diriez-vous aux touristes qui pourraient être tentés de faire des photos avec des gibbons dans les lieux touristiques ? Parlez-nous plus précisément du sort réservé à ces animaux..."
S’il vous plaît, ne faites pas de photos avec des gibbons ou d’autres animaux sauvages. N’encouragez pas ce trafic. Derrière chaque bébé tout mignon se cache un trafic très cruel : ce bébé a vu toute sa famille mourir sous les coups de fusil d’un braconnier. Lorsque sa mère a chuté, ce bébé a été arraché au cadavre de sa maman. Bien souvent plusieurs familles sont tuées car le bébé ne survit pas tout le temps à la chute (entre 20 et 50 m de haut). Le sort réservé au survivant est terrible : il est drogué, battu, affamé pour être contrôlé. Vers l’âge de 5 ans, les canines apparaissent, ils deviennent trop agressifs et incontrôlable pour être utilisé comme accessoire photo. Il est alors tué et un autre bébé prend sa place…
En plus d’être cruel, ce trafic est illégal car les gibbons sont menacés et protégés par une loi internationale depuis 1992.
" Que vous aura appris cette expérience là-bas ? Qu'en retiendrez-vous ?"
Cette expérience au GRP a totalement changé ma vie. J’ai découvert une passion. Après mon Master Recherche en chimie de l’Ecole Normale Supérieure, je ne savais pas si je devais continuer dans ce domaine. Aujourd’hui, je sais ce que j’aime, je veux consacrer ma vie à la protection de l’environnement.
J’ai pris confiance en moi et les gens me font confiance. J'ai pris de nombreuses initiatives dans mon travail de bénévole : j'ai inventé des jeux et des activités pour les enfants, créé des brochures pour les distribuer dans les hôtels, au port et à l'aéroport de Phuket afin de sensibiliser les touristes.
Le GRP est aussi une expérience humaine. J’ai ainsi repris un peu confiance en l’humanité. On partage le quotidien des thaïlandais et des autres bénévoles. De solides amitiés se sont créées. Chaque au revoir est un déchirement.
" Quels sont vos projets ? "
Je me suis lancé un défi : créer un projet en Thaïlande qui fusionne tourisme, protection de l'environnement et développement durable. Mon idée est d’aider à la fois les hommes, la forêt et les animaux. J’ai créé un projet qui s’intitule Vers un voyage pour l’Avenir.
L’idée est d’aider un village à se développer en encourageant le développement durable. Je souhaite créer une maison d’hôtes pour y accueillir des touristes et les impliquer dans la vie locale, les faire participer à des activités (leçons d’anglais et de conservation aux enfants, amélioration du système de distribution et d’évacuation des eaux usées, débroussaillement de la forêt afin d’éviter les feux de forêt, construction d’un terrain de football…) Je proposerai également d’autres activités plus classiques aux touristes en respect avec la nature : cascades, cours de cuisine Thaïe, cours de boxe Thaïe, procédé pour faire du whisky, du café…
Ce projet est basé sur le partage. Il veut aider un village thaïlandais à sortir de la pauvreté, protéger nos forêts tropicales et offrir aux touristes des moments inoubliables, loin des sentiers battus. Il offre une expérience d'immersion dans la culture Thaï. Il encourage ainsi le respect des coutumes locales, de la nature et de la conservation. Il contribue aux communautés, et a pour principal but d’aider le village afin de préserver la forêt et les gibbons qui y vivent.
Je recherche actuellement des fonds et des sponsors pour financer mon projet. Il est en ligne sur un site de financement participatif. Chacun peut y faire un petit don pour m’aider à réaliser ce projet. http://www.kisskissbankbank.com/vers-un-voyage-pour-l-avenir.
Une page Facebook est dédiée à mon projet. N’hésitez pas à me suivre https://www.facebook.com/voyage.pour.lavenir ".